lundi 13 juin 2011

Miró, l’assembleur des « presque rien » au Musée Maillol

Au Musée Maillol à Paris, une exposition met en lumière une facette méconnue de l’artiste catalan, son art du détournement, à travers une centaine d’œuvres, oniriques et poétiques
.Vitrail de la Fondation Maeght (partie gauche).                    Miró crée un bric-à-brac aux c...

Claude Germain/Successió Miró/Adagp

Vitrail de la Fondation Maeght (partie gauche). Miró crée un bric-à-brac aux compositions puissantes et délicates.

« Il me faut un point de départ, ne serait-ce qu’un grain de poussière ou un éclat de lumière. Cette forme me procure une série de choses, une chose faisant naître une autre chose. Ainsi un bout de fil peut-il me déclencher un monde. » 
C’est ainsi que Miró résume sa démarche de sculpteur : un marabout-bout-de-ficelle poétique, un jeu de cadavres exquis qui libère son imagination comme une boîte de Pandore mais d’où sortirait le meilleur. 
En une centaine de sculptures, une quarantaine de céramiques et d’œuvres sur papier, l’exposition du Musée Maillol témoigne de l’insatiable curiosité de l’artiste pour son environnement et de son inventivité infinie en matière de sculpture, domaine où son travail reste relativement méconnu (1).

« MIRÓMONDE »

Bienvenu dans le « Mirómonde » où un tube de dentifrice et un vieux bidon deviennent un « personnage », où une cuillère et une boîte en carton composent une Horloge du vent , où des embauchoirs à chaussures fichés dans une chaise retournée se métamorphosent en Femme et oiseaux. 
Ces constructions insolites réunissent des objets glanés au fil de ses promenades dans la campagne majorquine, des « presque rien », rebuts insignifiants de notre civilisation ou morceaux de nature (galets, branches…), que l’artiste colle, cloue, combine pour leur offrir l’éternité. De ce bric-à-brac naissent de petits chefs-d’œuvre d’équilibre et des compositions puissantes et délicates, parfois teintées d’humour.
Sur ce bestiaire fantasmagorique peuplé de « monstres vivants » et de déesses-mères, Miró grave ses signes fétiches (étoiles, lune…), recouvre le bronze de couleurs éclatantes ou expérimente des patines, tantôt lisses, tantôt granuleuses, qui évoquent les arts premiers. 

« DES TITRES COMME DES HAÏKUS »

« La sculpture pour Joan Miró est une recherche sans cesse renouvelée, explique Isabelle Maeght, commissaire de l’exposition. Il assemble des objets comme le poète assemble les mots. Leurs titres sonnent d’ailleurs comme des haïkus : ‘‘Les trois cheveux magnétiques de la belle blonde attirent les papillons’’, ‘‘La marche pénible guidée par l’oiseau flamboyant du désert’’ … »
Petite-fille d’Aimé Maeght, galeriste et grand ami de Miró, dont la Fondation fournit la quasi-totalité des œuvres exposées (2), Isabelle Maeght garde des séjours estivaux de Miró dans la propriété familiale de Saint-Paul de Vence (Alpes-Maritimes) un souvenir ému : « Il m’a appris à voir le monde autrement, à admirer la courbe d’un roseau, la beauté d’un caillou ou d’un ballon dégonflé. » La force d’un regard qui ouvre les portes du merveilleux.
Jusqu’au 31 juillet, 59-61 rue de Grenelle, 75007 Paris. Tél. : 01.42.22.59.58. www.museemaillol.com
(1) La dernière présentation parisienne des sculptures de Miró remonte à l’exposition au Musée d’art moderne de la ville de Paris en 1974 !
(2) Fondée en 1964, la Fondation Marguerite et Aimé Maeght possède l’une des plus importantes collections d’œuvres de Miró, riche de 2 000 pièces (sculptures, gravures, céramiques, peintures…)

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